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Deux sourires


(Ce billet est une traduction de Two Smiles sur ErosBlog.)

Je voudrais vous parler de deux sourires :


Ce sont deux sourires de la charmante Sarah Blake, une modèle bondage pour hogtied.com.

Regardez-les bien, étudiez leurs différences. Que vous ayez des mœurs classiques ou spéciales, mais surtout dans le premier cas, souvenez-vous de ces sourires la prochaine fois que vous entendrez un sermon ou un discours sur les dangers du sadomasochisme, de la dépravation et des sévices sexuels. Repensez à Sarah et à son sourire plein de joie et de bonheur.

Toutes les images de ce billet viennent de cette galerie, que je vous invite à consulter par vous-même si vous avez envie de voir Sarah attachée et, euh, occupée, de singulière façon. Je ne vais pas reproduire ces photos ici, quoique je vais vous décrire ses occupations. La seule chose que je vais vous montrer sont ses sourires (et un gémissement de plaisir).

Commençons par le premier sourire :


C’est le sourire d’avant, pris au début de la séance photo. C’est un beau sourire. Sarah est une belle femme. Mais c’est le sourire d’un modèle professionnel. Un peu forcé, pas qu’un peu posé et aussi artificiel qu’une composition florale. Le genre de sourire que l’on pourrait retrouver sur l’album souvenir du lycée, sur un curriculum ou même sur un permis de conduire. C’est un sourire que Sarah perfectionne depuis des années, le sourire d’une enfant sage souhaitant satisfaire le monsieur qui prend la photo et qui lui demande de sourire.

Sarah parcourt un long chemin fétichiste entre ce sourire et le suivant.

Si vous êtes allé voir la galerie, vous savez qu’on lui croise les chevilles pour les attacher devant son menton. On a remonté sa mini-jupe sur ses hanches, mais sa culotte est restée en place. C’est encore une photo de bondage assez innocente. Le voyage de Sarah ne fait que commencer.

Un peu plus loin, nous la voyons dans la même pose, sans culotte, une ventouse en verre appliquée à partie la plus délicate de son intimité. La chevauchée s’accélère ; dans l’image suivante, elle est à genoux, un lourd pilori de bois autour du cou. Sa queue de cheval est attachée à un crochet anal (y a-t-il un mot plus élégant pour désigner cet objet ?), crochet solidement enfoncé entre ses fesses, comme vous l’aviez deviné. Une vue arrière de la même scène montre des zébrures dues à quelques coups de canne.

Continuons. Dans l’image suivante, elle est debout, sa situation étant compliquée par une boule fixée par un tube métallique au pilori qui s’enfonce dans sa bouche. On installe des poids en plomb aux pinces à seins serrées sur ses tétons. Le caméraman reculant, on s’aperçoit que Sarah se tient sur la pointe des pieds, un gode au bout d’une pique l’encourageant à garder cette position.

Les photos suivantes exposent une autre scène, où Sarah, allongée sur deux billots de boucher, est ligotée dans le dos. Ses mains et ses pieds sont attachés l’un à l’autre, et une corde de suspension maintient ses coudes en hauteur d’une façon qui parait fortement inconfortable. Le bâillon-boule rouge dans sa bouche la fait baver.

*Clic*. Elle est maintenant sur le côté, ligotée, des pinces à linges sur les tétons et un gros vibromasseur s’attaquant à son intimité.

*Clic*. Cette fois, elle est suspendue dans une position renversée ahurissante, évoquant une gymnaste en plus érotique. Les pinces à linge sont toujours en place.

Poursuivons. Le site internet explique ainsi la scène suivante :

« Sarah a un secret. Elle ne peut pas s’arrêter de jouir face à un vibromasseur. Vous êtes prévenus ! La dernière scène est un long et intense orgasme imposé durant laquelle Sarah jouit à en perdre la raison. »

On voit une modeste chaise en bois, sur laquelle un vibromasseur a été fixé à l’aide d’adhésif. Sarah est amarrée à la chaise et au vibro par d’impressionnantes ceintures de cuir. Elle prend visiblement du bon temps, loin de tout :



Quel est le but de cette description scabreuse ? J’y arrive. À moins que vous ne soyez un fanatique absolu du bondage, une personne jouant sans limite et investissant son temps et son argent dans l’équipement de son donjon, j’ai probablement décrit des choses sortant de votre zone de confort. Si vous ne vous intéressez pas au bondage, si vous n’avez jamais vu ne serait-ce qu’une paire de menotte en peluche, vous avez peut-être été horrifié par l’ensemble du texte. Si vous avez déjà joué à vous attacher sous la couette, si vous possédez une paire de menotte et une cravache, vous avez peut-être été fasciné par certaines photo, mais dégoûté ou effrayé par d’autres. Si vous êtes un fétichiste vétéran et que vous avez votre propre donjon, vous avez peut-être apprécié la plupart des photos, mais il y a une ou deux qui ne sont pas votre tasse de thé, ou qui vous paraissent trop risquées ou fastidieuses pour les essayer. Mais où que vous vous placiez sur cette palette, et quelle que soit votre conviction lorsque vous pensez qu’une activité décrite « n’est pas pour vous », examinez attentivement la dernière photo du lot. Vêtue uniquement d’empreintes de corde, Sarah affiche un sourire épuisé mais satisfait :
 

Ce n’est pas un demi-sourire. Il y a plus de joie, d’enthousiasme et de vie dans cette photo que dans une douzaine de sourires professionnels tels que celui que nous avons vu au début. Sarah, bien qu’elle ait subi des positions de bondage particulièrement inconfortables, a passé un bon moment.

Et c’est cette joie visible, mes amis, que les moralisateurs de notre monde veulent supprimer lorsqu’ils dénoncent « le sadisme, le masochisme et les sévices ». J’imagine qu’ils n’ont même pas conscience de l’existence de cette joie, qu’ils pensent honnêtement qu’il ne s’agit que d’objectivation, de dégradation, d’argent et de sales pervers. Mais, cher lecteur, vous n’avez plus cette excuse. Vous avez vu les deux sourires. Vous savez.

La prochaine fois que vous entendrez quelqu’un dénoncer les sales pervers, vous vous souviendrez des sourires. Même si l’activité en question vous dégoûte, qu’elle n’est pas votre truc et que vous ne comprenez pas comment on pourrait l’apprécier, souvenez-vous des sourires. Rappelez-vous la joie de Sarah. Il n’est pas nécessaire de comprendre ou de partager un vice pour comprendre ce sourire.

Commentaires

  1. J'avoue que je me demandais où tu(ErosBlog) voulais(t) en venir. L'avait-on retrouvée assassinée? Avait-elle eu un accident où elle s'était brisé les dents?...
    Ah bon, ce n'est que ça. La soumission, c'est sympa (je suis la première à en être convaincue) et les moralisateurs sont à côté de la plaque. Tant mieux, parce qu'il me semble qu'en France, la soumission ne suscite pas vraiment de réticences, ni parmi les non pratiquants, ni parmi les politiques ou religieux.
    Donc tout va bien. On peut être soumise autant qu'on veut et cette charmante personne est en excellente santé.
    Bonne journée!

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    1. Si j'ai traduit cet article, c'est moins pour réagir à une campagne de dénigrement public que pour donner du grain à moudre aux débats privés avec des gens qui ne comprennent pas du tout l'attrait du SM.

      Mais la modèle va bien, oui, tu peux être rassurée. ;)

      Bonne journée à toi aussi !

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  2. Moi je n'aime pas trop la sémantique à l'américaine. Ce ne sont pas deux photos qui prouvent quoi que ce soit. Ce qui n'en reste pas moins que ce type de jeux peut être tout à fait jouissif. Je dis juste qu'il faut faire attention aux fausses démonstrations pour s'en convaincre. Chacun avance à son rythme sur ce chemin.

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    1. Ce n'est pas une démonstration que le SM peut être plaisant pour tous, mais qu'il peut l'être pour certaines personnes. Le but n'est pas de lancer tout à chacun sur ce chemin, mais juste de ne pas le diaboliser.

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  3. Force m'est de constater que je suis une vraie vanille !!!

    Moune ;-)

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  4. Il y a mille et une façon de prendre du plaisir, Sarah Blake a de façon évidente trouvé la sienne. Merci pour ce billet qui éclairera peut-être les "moralisateurs" comme vous les nommez ou tout simplement les personnes qui ne comprennent pas le BDSM !

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