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Le Cupidon - septembre 09

Depuis la soirée au Moon en aout, je suis resté en contact avec Mme Joule, l'un des couples croisés là-bas et dont je connaissais déjà le blog. Nous avons beaucoup parlé de ma séparation, de leur rencontre, de leur façon de vivre le libertinage. Mme Joule fait partie des gens qui m'ont soutenu pendant cette période et qui m'ont accueilli dans le grand milieu libertin.

J'ai rendez-vous avec eux au Cupidon, un petit club parisien. Je suis en avance, ayant passé la journée à me promener dans la capitale et y faire quelques courses. Après avoir trouvé la rue et localisé la porte d'entrée, j'ai pour mission de prospecter les environs à la recherche d'un bar sympa où boire un coup avant d'entrer dans l'antre de la débauche. Mission délicate. Il n'y a pas beaucoup de troquets dans le coin, où alors d'une platitude éhontée. Le seul qui trouve grâce à mes yeux s'avère être un établissement gay.

Finalement, j'échoue beaucoup plus bas, sur une grande place pleine de grands bars potables. Je m'installe sur un banc où je sors un livre. Coup de téléphone des Joules qui sont tout près, à la recherche d'un parking. Si près en fait que j'aperçois bientôt leur voiture et monte à bord. Ce n'est qu'à la sortie du parking que nous nous faisons enfin la bise, sur la joue. Les libertins ne se saluent pas de façon particulièrement ostensible.

Il est apparemment trop tard pour faire connaissance autour d'un verre, puisque Mme Joule nous guide directement vers le Cupidon, où nous sonnons. Mes souvenirs sont flous, mais il me semble bien qu'une personne nous double pour nous ouvrir... le portier qui faisait une pause cigarette. Par contre, je me souviens bien de la suite. On prend le manteau de M. et Mme Joule, que l'on invite à descendre sans autre formalité. A cette heure, les couples sont encore invités. Par contre, le tenancier me demande de régler la note salée de suite, ainsi que l'obole correspondant au vestiaire (en liquide, s'il vous plait). Je m'exécute, tout en faisant remarquer avec humour que l'on ne fait guère confiance aux hommes seuls. Y en a-t-il beaucoup qui partent sans payer, s'enfuyant par la fenêtre des toilettes ?

Avec le recul, cette marque de méfiance envers les hommes seuls me laisse un arrière-goût désagréable. Nous payons déjà une somme considérable pour l'honneur de ... ben, de ne pas faire grand-chose, potentiellement. Être traité comme des chiens galeux est un peu la goutte de trop. Je ne sais pas si je ressortirai de si tôt en célibataire, mais ce ne sera pas au Cupidon. (Quoique de tels principes peuvent me perdre, peu de clubs accueillant les hommes seuls avec le sourire.)

Bref, sur le coup, je me contente de hausser les épaules. Je suis là pour passer un bon moment, pas pour m'énerver sur le mercantilisme de certains. Je descends l'escalier menant à la cave, accompagné par les Joules qui ont attendu que je règle. Ma tenue n'est pas aussi classe ni aussi fraîche que la leur, n'ayant pu me changer après le trajet en train et la journée de marche. Je reste toutefois bien habillé par rapport à beaucoup d'autres hommes présents, en jean ou en simple sweat-shirt.

La salle principale n'est pas très grande. L'escalier donne sur le côté du bar, créant un bouchon dès que deux personnes s'arrêtent pour se saluer. En face, quelques divans et fauteuils, une minuscule piste de danse et sur le mur du fond, un écran plat diffusant ce soir-là le film du photographe des premières campagnes Aubade. Il présente de belles femmes nues, dans une ambiance plus érotique que pornographique. Je préfère cela au bête film de cul qui passait au Moon, mais je me fais la remarque que, encore une fois, c'est l'excitation des hommes qui est visée. Les femmes (si elles ne sont pas bi) devront se débrouiller toutes seules.

Nous nous asseyons tous les trois sur une banquette, Mlle Joule entre nous deux. Tout en buvant notre verre (je crois avoir bu mon premier whisky-coca ce soir là), nous discutons de vive voix comme nous le faisons habituellement sur MSN. Ils me parlent de leur club préféré (fermé depuis), de leur bibliothèque interdite à plusieurs mètres de hauteur, du magazine Union et de leurs expérience. Je leur relate ma récente sortie au sauna Jaurès, mon interrogation sur le libertinage.

Je sais, par son regard et par ce que nous avons échangé auparavant, que je pourrais toucher Mme Joule, que je le devrais même, puisqu'il est évident que je suis là pour ça. Mais je n'y arrive pas. Je n'ose pas. C'est à peine si je lui frôle la main en prenant mon verre. Je me fais l'impression d'être impuissant face à ma timidité, à ma peur de mal faire.

Je ne sais comment, nous finissons par nous retrouver à l'entrée des alcôves, où un couple d'amis à eux se prépare à une séance de massage, flacon d'huile en main. M. et Mme Joule s'installent sur le grand lit, je me place à côté d'eux. Finalement, je pose une main sur son corps, puis une autre, puis les lèvres, et ainsi de suite.

Les Joule ont des limites claires, dont nous avons discuté quelques jours auparavant. Préservatif obligatoire pour la pénétration (évidemment), mais aussi la fellation et le cunnilingus. Et pas de baiser sur la bouche. Je n'ai pas posé la question de la sodomie, parce que cela me semble un peu compliqué à faire en club, et que c'est de toute façon un peu trop "intime" pour une première rencontre.

N'ayant pas touché de femme depuis plusieurs mois, je retrouve avec délice l'infinie douceur de la peau, les courbes hypnotisantes des fesses et des seins, le plaisir à entendre les gémissements du plaisir que l'on donne. Alors que je m'abandonne à une fellation gourmande, un autre couple fait l'amour debout à côté du lit, entouré d'un essaim d'hommes qui caresse la femme, quémandant ses attentions. Elle est noire, et son dos luisant de sueur a des reflets magnifiques dans l'obscurité. Je pourrais la toucher en tendant le bras, mais je préfère me concentrer sur mes hôtes. Et puis, cela pourrait passer pour une invitation à nous rejoindre, ce dont ils n'ont sans doute pas envie. De toute façon, je suis trop bien, j'ai trop de plaisir pour me dérouter.

Mme Joule propose de s'arrêter, elle prendrait bien une pause. Direction la douche, puis le bar pour un deuxième verre. Un simple coca cette fois. Je repense à Mlle Coquelicot. Mon ex-femme n'était initialement pas très douée par la fellation. Il a fallu des années pour qu'elle dépasse son dégoût pour cette pratique, puis encore longtemps pour je prenne plaisir à me faire sucer, ce qui n'est vraiment arrivé que dans les dernières années de notre mariage. Je pensais qu'elle avait fini par être assez douée dans le domaine. Mais dans le libertinage, j'ai découvert des femmes qui me suçaient tout aussi bien sans me connaître, sans avoir passé des années à analyser mes réactions, et sans aucun lien sentimental entre nous pour catalyser le plaisir. Même avec un préservatif. Comme quoi, Mlle Coquelicot ne devait pas être si douée que cela.

Maintenant, puisque "les présentations étant faites" en quelque sorte, j'ose toucher Mme Joule, la caresser, m'amuser de son corps et l'exciter avec l'aide de son mari, alors que nous sommes dans la salle principale, à la vue de tous. Elle est fatiguée, mais nous avons envie de poursuivre ce que nous avons commencé. Nous l'entraînons donc vers une autre alcôve, au mur couvert de miroirs. Et nos jeux reprennent de plus belle.

Quelques hommes s'assoient au pied du lit, en se branlant. Ils s'approchent progressivement de nous, en attente d'un signe de notre part que leur présence est la bienvenue. Mais elle ne l'est pas, et nous leur demandons de rester à l'écart. Ils sont heureusement suffisamment peu pressant pour que l'on oublie leur présence, même si elle reste plutôt désagréable.

Je m'écroule, vaincu par la jouissance, admiratif de l'endurance de M. Joule à honorer Mme Joule. Je la caresse, embrasse sa peau, l'accompagnant comme je peux au fil de ce qui me semble être plusieurs orgasmes. Ils s'écroulent à leur tour.

Au sortir de notre deuxième douche, il n'y a plus grand monde dans le club. Il est tard, et nous nous dirigeons vers l'escalier. Je jette un dernier coup d'oeil dans la salle. Une femme en embrasse goulument une autre, la faisant plier sous son poids, son mari n'en perdant pas une miette. C'est sur cette image que je quitte le club.

Commentaires

  1. Une soirée définitivement plus réussie que les précédentes apparemment ;-). Dur d'être un homme seul en club, mais accompagné d'un couple cela doit être un vrai plaisir.

    Récit plein d'émotion très agréable à lire. Qu'as tu pensé du Cupidon sinon en tant que club ?

    Bises,

    Mely

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  2. Ravie de retrouver votre prose.
    Cela donne envie...

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  3. C'était captivant et c'est vrai que ça donne envie de passer un aussi agréable moment.
    note: ne plus vous lire pendant mes heures de travail.

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  4. Mel'Ody : Plus réussie, oui assurément. :) Je n'étais pas vraiment un homme seul, mais plutôt le troisième d'un trio. La situation est très différente !

    Le Cupidon m'a semblé être un bon club, plutôt bien décoré et bien équipé. Un peu petit, évidement. Je ne sais pas s'il est très indiqué pour de l'échangisme entre couples. Peu de place = peu de monde = peu de choix. Et j'ai trouvé l'accueil des hommes seuls un peu trop désagréable. Nous ne sommes pas QUE des vaches à lait. Par contre, je pourrais envisager d'y retourner en couple à la recherche de trio ou de pluralité masculine, ce qui me semble être la raison d'être du club.

    Alice : Vous laisserez-vous tenter ? ;)

    Alexia : Les clubs sont des endroits très accueillants pour les femmes seules, à la fois en terme d'entrée et de sollicitation. Il faut seulement apprendre à dire "non" fermement avant de s'y aventurer. A part cela, ils ne présentent aucun danger ou difficulté. Cf. les blogs de Gourmande ou de Miss Dactari par exemple. Mais peut-être êtes-vous en couple ?

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  5. Je suis seule depuis peu. Mais il est vrai que j'ai quelques craintes à m'aventurer seule.

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  6. Coucou Mister Chapeau, je viens de rattrapper mon retard de lecture.;-)
    Tout ce que tu dis des clubs libertins reflètent exactement toutes les appréhensions que j'ai sur le sujet et me confirme que c'est le genre d'aventures qui ne me conviendrait pas.
    J'aime bien ton style, c'est imagé et pas superlatif et trop fleuri comparé à tout ce que j'ai pu lire sur le thème.Et ça donne envie de connaître la suite ;-)

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  7. Ca c'est définitivement mon préféré. Très belle soirée. Ca me plait.

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  8. Alexia : je suis sûr que vous n'aurez aucune peine à trouver un accompagnateur sérieux si vous désirez vraiment découvrir ces endroits.

    Marilo : merci !

    Khalya : si tu aimes mon style sans fiortiture, regarde aussi les blogs de Palaume (http://palaume.blogspot.com/) et Miloo (http://miloo.erog.fr/). Quant aux clubs, ce serait pourtant l'occasion de mettre la lingerie qui dort dans tes cartons. :)

    Lady S. : heureux de te plaire...

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  9. Contente de vous lire décrire une expérience réussie en club!
    Ma deuxiéme l'a été aussi. :)

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  10. J'espère que vous nous raconterez ça bientôt !

    Quant à moi, les suivantes ont été tout aussi réussies...

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  11. l acceuil "limite" n est pas reservé au hommes seuls.c est propre a PARIS .quelle honte pour notre pays .PARIS est la capitale ou l acceuil est le plus deplorable .beaucoup de clubs parisiens se font beaucoup d argent sur le dos des hommes seuls :resultat des hordes d hommes seuls pas toujours tres distingués pour tres peu de couples .il y a des clubs autrement plus sympathiques dans le 45 et le 28 .le plus sympa :LA MESSALINE

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  12. La Messaline, un club tellement sympathique envers les hommes seuls que l'accès leur est interdit !

    Sinon, j'ai connu des accueil chaleureux à Paris et des accueils froid en province. Et le contraire. Parfois même dans le même club d'une soirée à l'autre. Voire au cours de la même soirée selon les ressentis des participants. Je ne pense pas que ce soit propre à Paris ou même à la France, quoique vous en disiez. Vous êtes victime de vos aprioris.

    Quant aux hordes d'hommes seuls, cela attire certains couples et c'est bien qu'ils puissent vivre leurs envies et leurs fantasmes. Reste que ces clubs appliquent ce que l'on pourrait aller jusqu'à qualifier de tarifs de bordels. Ce n'est pas franchement à l'honneur du libertinage, à mon avis.

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